SANTOS ET L’IDÉOLOGIE DE LA PAIX

En Colombie, les ennemis de la résistance passent du pacifisme à la trahison. Ils appellent à la capitulation avant même que la Colombie ait été vaincue par l’impérialisme cubain

Santos et l’idéologie de la paix

En Colombie, les ennemis de la résistance passent du pacifisme à la trahison. Ils appellent à la capitulation avant même que la Colombie ait été vaincue par  l’impérialisme cubain

Eduardo Mackenzie
Eduardo Mackenzie

Par Eduardo Mackenzie

9 novembre 2014

L’idéologie de la paix n’est pas la même chose que le désir de paix. La première inspire la position du président Juan Manuel Santos. La seconde est l’attitude des majorités colombiennes. Entre l’un et l’autre il y a un abîme.

L’idéologie de la paix conduit à prendre de mauvaises décisions et même des décisions fatales: à capituler devant l’ennemi, à la trahison pure et simple. Le désir de paix conduit à la résistance et à la victoire sur les générateurs du conflit.

L’idéologie de la paix repose sur des faux diagnostiques. On présume que la paix est perpétuelle et totale et que l’on peut  y accéder en prenant des raccourcis et en faisant des accords secrets.  C’est une croyance utopique qui estime que la paix est possible en prenant  un itinéraire différent de celui du combat légitime de l’État démocratique contre la criminalité et contre la subversion. Elle pense que persévérer dans l’application du droit et de la justice conduit à l’échec.

Pour le pacifiste à outrance  l’agresseur est disculpé d’avance. Le pacifiste estime que le crime obéit à des facteurs «sociaux» et que le vrai coupable est la société. Le pacifiste dit que la paix  est la valeur suprême, qu’elle est au-dessus de la liberté, de la justice, de la civilisation. Il ne croit pas en la victoire. Par conséquent, il dit: «En temps de guerre, n’importe quel côté peut se prétendre gagnant, mais il n’y a pas de gagnants, tous sont perdants» (Chamberlain). Néanmoins, le désir de paix a été résumé par Churchill dans une phrase célèbre: « Nous ne nous rendrons jamais ».

Malgré son habillage éblouissant, l’idéologie de la paix apporte le chaos en Colombie. La capitulation de Santos devant les FARC n’a pas de motivations explicites. Cependant, il y a clairement un jeu de calcul derrière tout cela. Sa motivation est, en principe, intellectuelle. Il semble motivé par une idéologie. A ses yeux, celle-ci est très respectable: la paix à outrance, le pacifisme délirant, l’obtention de la paix à tout prix. C‘est devenu son seul but, sa seule action de gouvernement. Santos voit cette paix comme quelque chose de plus en plus pur et réalisable. Cette ligne est, pour lui, la quintessence de la morale.

Guidé par ces croyances, Juan Manuel Santos a choisi la pax vénézuélienne, la pax cubaine, la pax avec les FARC. Il la préfère à toute autre solution. Il est entré en collaboration avec ce bloc international anti-libéral par passion pacifiste. Cette passion l’a poussé à la collaboration avec les FARC et avec le bloc international qui dirige les FARC : le gouvernement de Cuba. Il a remis entre les mains de cette dictature le déroulement des négociations de paix.

Juan Manuel Santos et Iván Cepeda
Juan Manuel Santos et Iván Cepeda

Le groupe de la collaboration et l’idée de se livrer au bloc cubain, le noyau des pacifistes extrêmes –à savoir : le président Santos et son frère et ses principaux adjoints, Sergio Jaramillo, Eduardo Montealegre, Ivan Cepeda, Roy Barreras– sont tous des libéraux  « d’avant-garde » et / ou des communistes. Tous sont des pacifistes comme pouvaient l’être les communistes russes qui, en 1919,  dans leur  Catéchisme bolchévique, se définissaient ainsi : «Les bolcheviks sont les socialistes qui veulent la paix éternelle entre les hommes et entre les peuples. » Ils disaient cela au même moment où ils exigeaient de tous les partis communistes l’action illégale et le noyautage des armées du monde capitaliste. Ils sont pacifistes comme pouvait l’être Beria lorsqu’il envoyait, en juin 1953, les blindés soviétiques contre les manifestants à Berlin-Est, au nom de la paix. Ils sont des ardents partisans de l’utilisation de la promesse de la paix pour tromper les peuples.

Ils partagent tous un diagnostic erroné: la Colombie a échoué dans sa longue lutte contre les FARC et, par conséquent, la paix ne peut advenir qu’avec une capitulation et une entrée en collaboration avec elles. Santos et son groupe  refusent de continuer toute guerre antisubversive contre l’internationale pro totalitaire dirigée par Cuba dans le continent latino-américain.

C’est pour cela qu’ils  font de l’ancien président Alvaro Uribe, le leader de la ligne de la résistance contre les desseins de Castro, l’objectif à renverser d’urgence. Ils voient en Uribe, et en sa politique réussie de sécurité démocratique, la négation la plus évidente de leurs faux diagnostics. Il est l’ennemi à abattre par tous les moyens. Ils mettent dans le même camp l’ancien ministre Fernando Londoño Hoyos, le juriste et le journaliste le plus ardent dans la bataille historique de la Colombie contre l’offensive anti-capitaliste.

Santos et son groupe sont indifférents à l’angoisse générée  en Colombie par leur ligne de capitulation. Ils préfèrent le démantèlement  de la démocratie plutôt que  poursuivre une lutte sans compromis, comme l’a fait la Colombie avec Uribe  jusqu’en 2010, et comme le font et l’ont fait d’autres nations libres contre la subversion communiste armée. L’urgence de la paix, pour atteindre la fin du conflit, pour éradiquer le mal à jamais, objectif utopique, les conduit à accepter l’option la plus destructrice: la conquête de la Colombie par le castro-chavisme.

Elle  les a conduits à exiger du peuple colombien de continuer à payer de leurs vies et de leurs biens cette orientation. « Si vous voulez la paix vous devrez avaler beaucoup de couleuvres » a dit le président Santos, avec ce ton de mépris habituel. Santos est un anti-Churchill. Celui-ci demandait à son peuple « du sang et des larmes » dans la lutte jusqu’à la défaite du nazi-fascisme. Santos, lui,  demande « du sang et des larmes » aux Colombiens pour les conduire à la soumission devant le facho-communisme.

María Ángela Holguín, Juan Manuel Santos et Raúl Castro
María Ángela Holguín, Juan Manuel Santos et Raúl Castro

Ceci explique sa politique haineuse et revancharde à l’encontre des militaires. Cela explique ses clins d’œil aux communistes qui mènent une guerre juridique fanatique contre les militaires. Cela explique sa tentative de négocier sous la table avec les FARC la «réduction de l’armée » et le changement de la doctrine militaire colombienne. Il ne lui suffit pas de démanteler avec les FARC les structures sociales, politiques et culturelles de la Colombie ; il est aussi disposé à négocier l’avenir des forces de sécurité et de défense de la Colombie, en échange d’une paix, la paix soutenue par le bloc international castro-chaviste.

En flattant les uns et en harcelant les autres, le régime cherche à semer la division au plus haut niveau de commandement des forces armées. Ses lobbyistes montrent l’armée comme le générateur de la guerre. Ils la décrivent comme un « appareil criminel », lequel, cependant, a  été incapable de vaincre le bloc subversif. Ils font cela. En même temps, ils prennent des mesures pour son affaiblissement.

La violence verbale et judiciaire du santisme contre l’opposition libérale, conservatrice et centriste s’intensifie. L’attentat contre l’ancien ministre Fernando Londoño, en mai 2012, aurait fait partie d’une course effrénée contre les adversaires de la capitulation. L’amalgame que fait Santos par les microphones contre l’opposition parlementaire, le Centre Démocratique, lequel est montré comme «belliciste», «fauteur de guerre» et «ennemi de la paix » (en réalité, le Centre Démocratique est l’ennemi de l’effondrement de l’Etat devant les FARC ) cherche à diaboliser la dissidence pour que l’opinion publique tolère la réduction des libertés et la répression violente contre celle-là.

Le pacifisme n’obtient pas la paix. L’idéologie pacifiste crée plus de catastrophes que des réalisations. Avons-nous oublié la grande leçon de la France pendant la Seconde Guerre mondiale? Estimant que la France était faible du point de vue militaire et qu’il aurait une longue domination hitlérienne sur l’Europe, les pacifistes ont choisi la paix offerte par le nazisme. Le pacifisme a été un vecteur capital de la Collaboration. Le gouvernement de Pétain, où il y avait une prédominance des pacifistes de gauche, a choisi la pax allemande et signé l’armistice avec Hitler. Et la France a été défaite. En revanche, le général de Gaulle, en exil à Londres, alors qu’il n’avait pas assez de forces militaires, a choisi la voie de la résistance et sauvé l’honneur et la liberté de son pays. Un témoin de l’époque, Jean Cassou, a écrit: «La France continuait d’exister du fait qu’elle continuait la guerre » aux côtés du Royaume Uni et des Alliés.

En Colombie, les ennemis de la résistance passent du pacifisme à la trahison. Ils appellent à la capitulation avant même que la Colombie ait été vaincue par  l’impérialisme cubain. Leur choix est de s’aligner avec cette dictature pour arriver à la paix, mais une paix sans libertés, sans justice, sans vérité, sans démocratie, sans prospérité, sans valeurs, sans humanisme, comme à Cuba et au Venezuela. Tel est le cœur même de l’option de Santos, ce qui se trouve au fond de sa stratégie de paix au travers de la « voie négociée », celle qui a séduit certains. Mais les majorités commencent à voir clair, face aux soubresauts  grotesques de la farce de La Havane.

Article en espagnol:

SANTOS Y LA IDEOLOGÍA DE LA PAZ https://www.periodismosinfronteras.org/santos-y-la-ideologia-de-la-paz.html

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